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Le contenu des lettres de Marie-Antoinette au Comte de Fersen révélé

Le projet de la Fondation des Sciences du Patrimoine intitulé REX II (Recherches sur l’extraction et l’exploitation des tracés sous-jacents dans les manuscrits anciens, phase II) a révélé le contenu des lettres caviardées* de la correspondance entre Marie-Antoinette et le Comte de Fersen.

Conservées par les Archives Nationales, les lettres de Marie-Antoinette, faisaient déjà l’objet d’analyses de la part d’Isabelle Aristide, conservatrice générale du patrimoine, et d’une équipe de physico-chimistes spécialisés dans les objets du patrimoine au Centre de recherche sur la conservation des collections (CRC/Museum national d’Histoire naturelle).

Sollicitée en aval du projet REX I, Pauline Lemaigre-Gaffier, historienne, enseignante-chercheuse au laboratoire Dynamiques patrimoniales et culurelles (DYPAC) a rejoint l’équipe, une fois le décryptage effectué. La technologie de décryptage et les modalités de traitement des données utilisées ont déjà été appliquées à d’autres manuscrits, par exemple. Mais c’était la première fois qu’elles l’étaient le cas de lettres du 18e siècle.
L’objet de sa présence n’était pas de prononcer une interprétation définitive du contenu, effectivement sentimental, de ces passages caviardés. « Ces lettres peuvent confirmer des hypothèses déjà formulées au sujet de la relation entre Marie-Antoinette et le Comte Axel de Fersen, mais les mots révélés peuvent susciter autant de questions qu’en résoudre », explique l’historienne.
L’histoire dans l’Histoire
Son objectif était surtout de réintégrer ces lettres dans un corpus d’écritures de soi (lettres, journaux intimes, écritures à la première personne) ou « ego-documents » qui sont très étudiés aujourd’hui. En effet, de nombreux travaux d’analyse et d’édition de ce type de documents sont en cours, notamment autour de la période révolutionnaire.

« Nous essayons de comprendre et d’analyser la manière qu’ont eue les individus d’appréhender une période marquée par un événement de portée historique tel que la Révolution française », précise Pauline Lemaigre-Gaffier. Outre le type de relation que la correspondance entre Marie-Antoinette et le Comte de Fersen met au jour, l’intérêt réside dans la confrontation de leur posture et de leur vision de cette fameuse période avec celles de personnes d’autres rangs, par exemple. 
Des questions d’éthique
Par ailleurs, la question de la matérialité des documents est aussi cœur du projet. « La révélation d’un contenu tenu secret nous a amenés à réfléchir à des enjeux épistémologiques et juridiques », insiste l’enseignante-chercheuse. En effet, révéler des textes caviardés modifie la matérialité du document et entraine des questions éthiques, voire juridiques, en termes d’édition de ces manuscrits. Toutefois, comme il s’agit de protagonistes disparus depuis longtemps, il y a moins de contraintes qu’en cas de personnes encore vivantes.
Rappelons que l’UVSQ et l’UCP sont les deux universités fondatrices de la Fondation des sciences du patrimoine, au côté de nombreux établissements culturels prestigieux (Château de Versailles, Musée du Louvre, Archives nationales…).
* Le caviardage est une technique qui consiste à masquer le contenu réel de document dans un souci de discrétion.
Informations complémentaires
Légende photo
Crédit photo : CRC-Archives Nationales - Spectroscopie de fluorescence de rayons X permettant de différencier les deux encres dans un texte caviardé (censuré) et ainsi de rendre lisible le texte original. Cette technique a été retenue dans le cadre du projet REX financé par le LabEx PATRIMA portant sur la recherche de moyens techniques permettant l'étude des nombreux passages caviardés dans la correspondance entre Marie-Antoinette et le comte de Fersen.

En savoir plus
> Communiqué de presse
> Fondation des sciences du patrimoine
> Laboratoire Dynamiques patrimoniales et culurelles (DYPAC)
> Projet REX II
> CRC/Museum national d’Histoire naturelle