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Saint Louis n'est pas mort de la peste... mais du scorbut !

Une équipe inter-disciplinaire de scientifiques dirigée par Philippe Charlier publie un article autour de la mort de Saint Louis, dont la mandibule conservée à Notre-Dame de Paris a été analysée.

Un article scientifique publié mardi 18 juin 2019 dans Journal of Stomatology, Oral and Maxillofacial Surgery apporte un nouvel éclairage sur la mort de Saint Louis.

Il est issu d’une équipe inter-disciplinaire de scientifiques dirigée par le Dr Philippe Charlier (maître de conférence des universités - praticien hospitalier à l’UVSQ et l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP), actuellement en détachement au musée du quai Branly - Jacques Chirac comme directeur du Département de la Recherche et de l’Enseignement.

Dans cette publication, les scientifiques ont montré que la mandibule de Saint Louis (Louis IX, mort en 1270 à l’âge de 56 ans), conservée à Notre-Dame de Paris, est non seulement authentique, mais qu’elle permet aussi de mieux comprendre les circonstances de son décès à Tunis, au tout début de la 9e et dernière Croisade.
Son examen (médical à l’œil nu, puis au scanner, doublée d’une datation au carbone 14 et d’une confrontation avec des données historiques et artistiques) a montré que, contrairement à ce qui a été dit et écrit pendant des siècles, Saint-Louis n’est pas mort de la peste, mais d’une complication du scorbut (une carence aiguë en vitamine C) qui a attaqué la gencive, puis l’os. Une surinfection locale et/ou généralisée (bactérienne, virale ou même parasitaire) a pu survenir sur cet état de fragilité physiologique relative, et finir par tuer le roi... mais aussi d’autres membres de sa suite et de son armée. La nature de ces agents infectieux potentiels pourrait être connue à l’issue d’études génétiques ultérieures menées sur la mandibule ou d’autres fragments corporels de Saint Louis.

Cette étude est un nouvel exemple de l’utilité transversale de la paléopathologie (cette «médecine légale de l’Histoire»), à la confluence des sciences fondamentales (médecine, biologie,...) et des sciences humaines (archéologie, anthropologie, histoire, histoire de l’art,...).
Autant de techniques et d’échanges de compétences utilisables sur des ossements anciens issus de fouilles archéologiques, de restes humains conservés dans les archives (denture de Hitler à Moscou2, par exemple), de reliques déposées dans les églises, ou encore d’objets de musée (comme par exemple les 150 artefacts extra-occidentaux du musée du quai Branly - Jacques Chirac récemment soumis à un scanner médical mobile).
Informations complémentaires
Cliché : mandibule de Saint-Louis conservée à la cathédrale de Notre-Dame-de-Paris (photo Philippe Charlier).

1. Charlier P, Augias A, Benmoussa N, Rainsard P, Froesch P, Richardin P, Froment A, Bianucci R, Appenzeller O, Perciaccante A, Lippi D, Prades L. The mandible of Saint-Louis (1270 AD): retrospective diagnosis and circumstances of death. Journal of Stomatology, Oral and Maxillofacial Surgery 2019 https://doi.org/10.1016/j.jormas.2019.05.007 / https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2468785519301569
2. Charlier P, Alliot D. Autopsie des morts célèbres. Paris, Tallandier, 2019.