3 questions à Benoît Petit et Guillaume Martin

1/ Ce colloque est placé sous le signe de la réindustrialisation, un sujet d'actualité. En quoi les dimensions éthiques et de soutenabilité sont-elles au cœur de ce mouvement ?
G.M. - « La réindustrialisation est un projet de société majeur qui va bien au-delà de la seule dimension économique. Elle interroge notre modèle de développement et ses impacts sur l'ensemble de notre société. Nous faisons ici la distinction entre l'éthique et la soutenabilité. L'éthique implique des choix de valeurs, des orientations politiques et des arbitrages sur la manière dont nous voulons construire notre avenir collectif. Cela nous conduit à nous poser des questions fondamentales : quelle place voulons-nous donner au travail et aux travailleurs ? Comment voulons-nous organiser la production pour qu'elle soit plus juste et moins inégalitaire ? Quelles normes, quelles gouvernances, quels objectifs humains nous faut-il établir ? 

La soutenabilité, quant à elle, repose sur une approche différente. Elle nous impose de nous conformer à des standards technologiques et des savoirs scientifiques qui garantissent la préservation de notre environnement et de notre capacité à nous développer durablement. C'est l'ensemble de ces défis, à la fois sociétaux, écologiques et technologiques, que nous souhaitons aborder au cours de ce colloque, en posant les bases d'une réindustrialisation qui soit à la fois performante et pleinement responsable. » 

2/ Qu’est-ce que le collectif "Mantes Recherche" qui organise ce colloque ?
G.M. - Créé à l'automne 2023, "Mantes Recherche" est un collectif interdisciplinaire qui rassemble les enseignants-chercheurs de l'IUT de Mantes. Nous couvrons un large éventail de disciplines scientifiques, du droit à la gestion, en passant par la mécatronique, les matériaux, la responsabilité sociétale des organisations, la mécanique, l’électrostatique... 
B. P. - Ce colloque illustre parfaitement la mission de "Mantes Recherche" : fédérer les chercheurs locaux autour de problématiques concrètes et d'envergure. En croisant nos expertises, nous démontrons que les défis industriels d'aujourd'hui exigent des solutions pluridisciplinaires. Pour l'IUT de Mantes, cet événement est avant tout une occasion unique de valoriser notre expertise et de renforcer nos liens avec les acteurs économiques et publics du territoire. Notre objectif est de positionner l'IUT comme un acteur clé de la réflexion et de l'innovation pour le développement du Mantois. Nous travaillons sur le spatial, l’économie circulaire, les mobilités et plus largement sur les éco-technologies et la gestion responsable des organisations : autant de sujets sur lesquels les entreprises du territoire ont des besoins pointus et urgents.

3/ Au-delà des échanges académiques, à quels résultats concrets espérez-vous aboutir à l'issue de cet événement ?
B. P. - « Notre ambition est triple. En premier lieu, nous voulons faire vivre l’Université dans le Mantois : l’IUT de Mantes n’est pas uniquement un centre de formation pour les néo-bacheliers, mais un centre de production de savoirs de très haut niveau, pluridisciplinaires. Sur le plan scientifique, nous espérons que les communications et les débats donneront lieu à la publication d'actes de colloque qui viendront enrichir la littérature académique sur ces sujets. Sur le plan pratique, nous souhaitons que les échanges créent des synergies durables. L'objectif est de dépasser le cadre du colloque pour initier de nouvelles collaborations de recherche entre universitaires, industriels et collectivités. Nous sommes convaincus que les réflexions et les partenariats qui naîtront de cet événement contribueront concrètement à façonner des modèles industriels plus éthiques et soutenables pour l'avenir. En tout cas, ce colloque n’est que le premier d’une série que nous espérons longue et fructueuse. Il accompagne un politique plus globale de l’IUT consistant à proposer des formations davantage centrées sur les enjeux de l’éthique et de la soutenabilité des industries. »