Aller au contenu

| | |

Vous êtes ici : UVSQ RechercheActualités de la recherche | Innovation

Covid-19, le point avec Marie-Anne Rameix-Welti, virologue

Nous nous étions entretenus début juin avec Marie-Anne Rameix-Welti, virologue à l'UVSQ, qui menait des recherches sur la Covid-19. Six mois après, nous faisons le point.

Outre sa recherche autour des Coronavirus déjà existants, Marie-Anne Rameix-Welti, chercheuse au laboratoire Infection et Inflammation (2I – UMR 1173 (INSERM/UVSQ)) de l’UFR Simone Veil – Santé travaillait alors en collaboration avec des collègues du laboratoire VIM – UMR 0892 (INRAE/UVSQ) sur un projet de recherche en sérologie portant sur le nouveau Coronavirus. 

1/ Où en est le projet de recherche en sérologie initié avec l’INRAE ?
« La sérologie n’a pas tenu pas ses promesses, puisque l’on s’est aperçu que les personnes peu malades développaient peu d’anticorps et que même chez ceux qui avaient été très malades, les taux d’anticorps diminuaient rapidement. Aussi, eu égard au grand nombre de tests en préparation pour une éventuelle mise sur le marché, nous avons recadré le projet mené conjointement avec l’INRAE aux études sur population. Nous avons collecté des serums de la première vague auxquels nous ajoutons actuellement ceux collectés en ce moment, lors de la deuxième vague et nous étudions la corrélation de présence d’anticorps par rapport aux coronavirus ». 

2/ Il y a cinq mois, on cernait mal la Covid-19. Que sait-on aujourd’hui ?
« Aujourd’hui, plusieurs caractéristiques du virus sont connues : les réinfections sont possibles, suggérant que l’infection ne confère pas une immunité de longue durée. L’immunité contre les autres coronavirus durerait un an ou deux, et la réinfection est courante tout au long de la vie. Ce nouveau Coronavirus semble se comporter de la même manière. Le profil de mortalité par tranches d’âge et terrains est caractérisé et nous avons la confirmation d’un certain neurotropisme, comme en témoigne l’anosmie par exemple, et d'atteintes digestives. Toutefois, il recèle encore de nombreux mystères ».

3/ En a t’on appris davantage sur les facteurs de susceptibilité vis-à-vis du virus ?
« Oui, plusieurs facteurs peuvent entrer en ligne de compte. Ils pourraient être génétiques, immunitaires ou autres.
On constate notamment que la Covid-19 est deux fois moins dangereuse pour les femmes que pour les hommes. Toutefois, au total, ce n’est pas flagrant dans les chiffres puisque dans les tranches d’âge de population âgée, les femmes sont plus nombreuses. Cela pourrait donc être un facteur hormonal, par exemple ».

4/ Et concernant la prise en charge des malades ?
« La prise en charge de la maladie s’est nettement améliorée par rapport à la première vague. En effet, un protocole a été mis en place en réanimation et même si la mortalité existe encore, le protocole s’avère moins lourd et plus efficace.
On a compris que c’était la réponse immunitaire de l’organisme qui tuait les personnes malades de la Covid-19, et on fait en sorte désormais de freiner cette réponse ».

5/ Pensez-vous qu’un vaccin sera proposé prochainement ?
« La mise en place d’un vaccin paraît compliquée. Faisons une comparaison avec le virus de la grippe. Si le virus de la grippe bouge en permanence, l’immunité est excellente, aussi il est impossible d’attraper deux fois la même souche de virus de la grippe au cours de sa vie. Les vaccins sont réadaptés tous les ans aux nouvelles souches du virus. A contrario, le virus de la Covid-19 bouge peu, mais il semble que l’on ne s’immunise pas bien une fois qu’on l’a attrapé. Aussi, la réponse au vaccin risque de ne pas être suffisante pour une protection complète de longue durée, à moins de se vacciner tous les six mois. 
Avec ou sans l’appui de la vaccination, nous allons nous habituer à vivre avec ce nouveau coronavirus, comme on le fait avec ceux que nous côtoyons déjà. Nous arriverons progressivement à une immunité de groupe, avec une circulation à bas bruit du virus, sans pouvoir éviter les problématiques liées aux populations vulnérables.
Il y a bien sûr plusieurs études en cours pour la recherche d’un vaccin, dont il faudra prouver l’efficacité et la non-toxicité avant toute mise en œuvre ». 

> Au coeur de l'actu, avec Marie-Anne Rameix-Welti, juin 2020
 
Informations complémentaires
Crédit photo : Covid-19: Observation intracellulaire d’épithélium respiratoire humain reconstitué MucilAir™ infecté par le SARS-CoV-2. © Manuel Rosa-Calatrava, Inserm ; Olivier Terrier, CNRS ; Andrés Pizzorno, Signia Therapeutics ; Elisabeth Errazuriz-Cerda  UCBL1 CIQLE. VirPath (Centre International de Recherche en Infectiologie U1111 Inserm – UMR 5308 CNRS – ENS Lyon – UCBL1). Colorisé par Noa Rosa C.
En savoir plus
> Laboratoire Infection Inflammation (2I)
> Laboratoire VIM – UMR 0892 (INRAE/UVSQ)
> UFR Simone Veil - Santé