Aller au contenu

| | |

Vous êtes ici : UVSQ Actualités étudiantes

Jeanne Le Pêcheur : étudiante, athlète et porteuse de la flamme paralympique

Jeanne, 21 ans, incarne le courage et la détermination. Étudiante en deuxième année d'histoire à l’UVSQ et athlète handisport, elle a récemment eu l'honneur de porter la flamme olympique. À travers cet entretien, elle partage ses défis, ses réussites et ses aspirations.

du 8 janvier 2025 au 31 janvier 2025

Mis en ligne le 8 janvier 2025

Comment avez-vous découvert le handbike ?  

J'ai découvert le handbike grâce à un ami de mes parents qui a fondé la section handisport du VCESQY Team Voussert. À l'époque, j'avais 15 ans et je cherchais une activité sportive adaptée à ma condition. En effet, étant née prématurément à cinq mois et demi, la partie motrice de mon cerveau ne s'est pas complètement développée, ce qui m'empêche de marcher normalement.
 

Qu'est-ce qui vous plait dans ce sport ?

Ce qui m'a immédiatement séduite dans le handbike, c'était l'ambiance chaleureuse et familiale du club. Nous sommes tous différents, mais ces différences nous rapprochent et renforcent nos liens. J'apprécie également le contact avec la nature, et pratiquer le cyclisme en plein air me procure un sentiment de liberté et d'autonomie.
Le handbike m'a également permis de participer à des compétitions sportives. En 2022, j'ai terminé troisième aux championnats de France de courses en ligne et contre la montre. La compétition en handbike est intense et exigeante, mais elle me pousse à me dépasser. Par exemple, lors d'une course à Thorigné-d'Anjou, j'ai parcouru 22 km en 1h50. Cette course, particulièrement éprouvante à cause du dénivelé, m'a laissée en larmes à l'arrivée, épuisée mais fière de ma performance. Ces moments difficiles me rappellent pourquoi je me bats chaque jour.
 

Comment le handbike a-t-il changé votre vision du handicap ?

Le handbike a transformé ma perception du handicap. Avant, je voyais cela comme une limitation, mais maintenant, je le vois comme une opportunité de me dépasser. Cette discipline m'a donné plus de force et d'indépendance. Grâce au handbike, j'ai développé une musculature qui m’a permis d'être plus efficace et de me déplacer plus facilement avec ma canne ou mon fauteuil roulant. Mon endurance et ma capacité à gérer des efforts prolongés se sont également considérablement améliorées. Maintenant, je peux même marcher avec une canne.
 

Comment conciliez-vous vos études et votre carrière sportive ?

Cette année, je suis en deuxième année d'histoire à l'UVSQ. En première année, j'avais bénéficié d'un aménagement qui me dispensait de cours le vendredi, facilitant ainsi mes entraînements. Cette année, concilier mes études et ma carrière sportive en compétition représente un défi. On m'a proposé de faire ma licence en six ans, mais j'ai refusé, trouvant cela trop long.  
Aujourd’hui, je souhaite maintenir un équilibre entre mes études et le sport. Pour moi, la vie ne se résume pas unique-ment au handbike. Il est important de continuer à me former et à explorer d'autres passions. 
 


Vous avez récemment eu l'honneur de porter la flamme olympique. Pouvez-vous nous parler de cette expérience ?  

Oui, c'était une expérience incroyable. En tant qu'égérie des Yvelines dans le cadre du dispositif ChampYons 2024, j'ai été la seule sélectionnée pour porter la flamme paralympique le 27 août. Je me souviens encore de l'émotion que j'ai ressentie en portant la flamme, poussée par mon père, un grand amateur de sport. Mon père, qui a toujours été un grand supporter de mes efforts sportifs, était là pour m'encourager. C'était un moment de fierté pour moi et ma famille. Le fait de porter la flamme était symbolique de la détermination, de la persévé-rance et de l'espoir pour toutes les personnes en situation de handicap. En traversant les rues remplies de spectateurs, j'ai ressenti une immense vague d'émotion. Il y avait de la fierté, bien sûr, mais aussi une profonde gratitude pour tous ceux qui m'ont soutenue tout au long de mon parcours. Le soutien de la communauté et l'amour de ma famille ont rendu ce moment inoubliable.
 

Si vous pouviez donner la flamme olympique à quelqu'un, qui choisiriez-vous ?

Si je devais transmettre la flamme olympique, je choisirais sans hésitation les para-athlètes Riadh Tarsim ou Bebe Vio. Avec ses huit titres de champion du monde de handbike et ses trois médailles olympiques, Riadh Tarsim incarne pour moi la persévérance et la détermination. Bebe Vio, une escrimeuse italienne qui a perdu ses quatre membres à cause d'une méningite à 11 ans, est maintenant double championne paralympique en fleuret individuel. Son parcours est incroyablement inspirant. J'ai découvert leurs histoires à travers la série Netflix Rising Phoenix, qui met en lumière les champions paralympiques. Leur résilience et leurs succès représentent l'esprit indomptable des athlètes paralympiques et ils méritent de porter cette flamme.
 

Envisagez-vous de participer un jour aux Jeux paralympiques ?  

Mon objectif est dans un premier temps de continuer à progresser en handbike et de participer à des compétitions nationales et internationales pour améliorer mon classement. Je m'entraîne en pratiquant la musculation et la natation, ce qui m'aide à rester en forme et à renforcer mon endurance. À long terme, oui, je vise une sélection pour les Jeux Paralympiques. Cela nécessitera beaucoup de travail, de détermination et de persévérance.
 

Quels conseils donneriez-vous aux personnes en situation de handicap qui souhaitent poursuivre leurs rêves sportifs ?

Je dirais qu'il est crucial de suivre ses rêves malgré les obstacles. Utilisez tous les outils à votre disposition et ne laissez pas les "non" vous arrêter. Personnellement, malgré de nombreuses opérations et des moments difficiles, j'ai toujours écouté mon instinct. On m'a dit que je ne pourrais jamais marcher, mais aujourd'hui, je marche avec une canne.  
Croyez en vous et persévérez, car chaque petit pas en avant est une victoire.
 

Témoigner dans les écoles pour parler du handicap et le démystifier

Il est crucial pour moi de sensibiliser les jeunes générations et de leur montrer que le handicap ne doit pas être un obstacle à l'épanouissement personnel et sportif. Par exemple, je suis intervenue à l'hôpital de pédiatrie et de rééducation de Bullion pour initier des enfants au handbike et au tennis fauteuil.

Le dispositif ChampYons 2024 du département des Yvelines a sélectionné 15 sportifs qui sont encouragés à partager leurs projets sportifs et leurs expériences auprès des publics.