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"Sraffa et l'économie écologique : liens et possibililtés" par Monsieur Yoann Verger
le 22 mars 2016
mardi 22 mars 2016 à 10h00
AgroParis Tech
16 rue Claude Bernard
Amphithéâtre Dumont
75005 Paris
16 rue Claude Bernard
Amphithéâtre Dumont
75005 Paris
Discipline : Sciences économiques, laboratoire : REEDS-Centre de Recherche en Économie écologie, Eco innovations et ingénierie du Développement Soutenable
Résumé :
Le travail de Sraffa avait pour but de critiquer le paradigme néoclassique marginaliste, en prouvant qu'une théorie économique basée sur des données objectives concernant la production et la répartition du surplus pouvait expliquer les valeurs d'échange. L'économie écologique avait également initialement pour but de proposer une critique de l'économie de l'environnement néoclassique, en mettant en avant que les décisions en matière d'environnement ne pouvaient seulement se baser sur des analyses économiques. Ma thèse étudie les relations entre ces deux écoles de pensée.
Le chapitre 2 est dédié à la présentation de l'économie écologique, ses origines et ses principaux développements, ainsi qu'à deux positionnements normatifs concernant ce qui pourrait être son futur en tant que champ disciplinaire autonome.
Le chapitre 3 présente le message principal du travail de Sraffa et comment celui-ci se comprend par rapport à certains travaux imprtant en théorie économique (Ricardo, les marginalistes, Von Neumann, Leontief et la théorie de l'équilibre général).
Dans le chapitre 4, j'analyse les travaux néo-ricardiens qui ont abordés des questions environnementales. La rente est évoquée par Sraffa à propos des ressources naturelles, mais, pour lui, la rente n'est pas forcément liée à la rareté d'une ressource naturelle. Les ressources naturelles épuisables sont introduites par certains auteurs néo-ricardiens, mais presque tous le font dans le but de justifier la règle de Hotelling concernant les royalties, ce qui, de mon point de vue, n'est pas compatible avec l'approche Sraffienne. Finalement des travaux néo-ricardiens s'intéressent aux questions liées au traitement des déchets, à la pollution et aux ressources renouvelables, ce qui prouve que des liens peuvent être tissés avec l'économie écologique.
Dans le chapitre 5, j'aborde les travaux qui, au sein de l'économie écologique, essaye d'intégrer l'approche Sraffienne dans leurs analyses. Concernant le débat sur la théorie de la valeur énergie et sur la valeur de la nature, quelques auteurs utilisent le modèle de Sraffa, mais sans en comprendre les prémisses. L'approche classique, mise en avant par Sraffa, consistant à représenter la distribution du surplus comme le résultat d'une lutte des classes est également exploitée par certains auteurs en économie écologique afin d'investiguer certains aspects des conflits écologiques. Finalement la rente et l'analyse verticalement intégrée sont également des outils analytiques néo-ricardiens qui ont été repris dans des travaux en économie écologique.
Je résume les principaux enseignements et les possibilités de recherche qui pourraient intéresser les deux courants dans le chapitre 6. Plusieurs directions sont étudiées, de l'étude de la répartition du surplus jusqu'à celle de la rente sur les ressources environnementales, en passant par la dynamique d'épuisement et de reconstitution des ressources et les conséquences environnementales d'un changement technique. Finalement, le paradigme Sraffien est utilisé pour éclairer différemment les débats contemporains concernant le paiement pour service écosystémique et l'économie circulaire.
Le point principal de ma conclusion (chapitre 7) est que l'analyse de Sraffa ne rejette pas l'évaluation monétaire de la nature parce que la nature n'a pas d'importance pour la production économique (de ce point de vue-là, la nature a au contraire une importance infinie) mais parce que le discours économique n'est pas capable d'exprimer la valeur de la nature. La théorie de Sraffa aide à définir ce que peut dire le discours économique et sur quels objets ontologiques il peut porter. Sur cette base, une économie écologique Sraffienne peut être construite et peut servir d'alternative à l'économie de l'environnement néoclassique.
Le chapitre 2 est dédié à la présentation de l'économie écologique, ses origines et ses principaux développements, ainsi qu'à deux positionnements normatifs concernant ce qui pourrait être son futur en tant que champ disciplinaire autonome.
Le chapitre 3 présente le message principal du travail de Sraffa et comment celui-ci se comprend par rapport à certains travaux imprtant en théorie économique (Ricardo, les marginalistes, Von Neumann, Leontief et la théorie de l'équilibre général).
Dans le chapitre 4, j'analyse les travaux néo-ricardiens qui ont abordés des questions environnementales. La rente est évoquée par Sraffa à propos des ressources naturelles, mais, pour lui, la rente n'est pas forcément liée à la rareté d'une ressource naturelle. Les ressources naturelles épuisables sont introduites par certains auteurs néo-ricardiens, mais presque tous le font dans le but de justifier la règle de Hotelling concernant les royalties, ce qui, de mon point de vue, n'est pas compatible avec l'approche Sraffienne. Finalement des travaux néo-ricardiens s'intéressent aux questions liées au traitement des déchets, à la pollution et aux ressources renouvelables, ce qui prouve que des liens peuvent être tissés avec l'économie écologique.
Dans le chapitre 5, j'aborde les travaux qui, au sein de l'économie écologique, essaye d'intégrer l'approche Sraffienne dans leurs analyses. Concernant le débat sur la théorie de la valeur énergie et sur la valeur de la nature, quelques auteurs utilisent le modèle de Sraffa, mais sans en comprendre les prémisses. L'approche classique, mise en avant par Sraffa, consistant à représenter la distribution du surplus comme le résultat d'une lutte des classes est également exploitée par certains auteurs en économie écologique afin d'investiguer certains aspects des conflits écologiques. Finalement la rente et l'analyse verticalement intégrée sont également des outils analytiques néo-ricardiens qui ont été repris dans des travaux en économie écologique.
Je résume les principaux enseignements et les possibilités de recherche qui pourraient intéresser les deux courants dans le chapitre 6. Plusieurs directions sont étudiées, de l'étude de la répartition du surplus jusqu'à celle de la rente sur les ressources environnementales, en passant par la dynamique d'épuisement et de reconstitution des ressources et les conséquences environnementales d'un changement technique. Finalement, le paradigme Sraffien est utilisé pour éclairer différemment les débats contemporains concernant le paiement pour service écosystémique et l'économie circulaire.
Le point principal de ma conclusion (chapitre 7) est que l'analyse de Sraffa ne rejette pas l'évaluation monétaire de la nature parce que la nature n'a pas d'importance pour la production économique (de ce point de vue-là, la nature a au contraire une importance infinie) mais parce que le discours économique n'est pas capable d'exprimer la valeur de la nature. La théorie de Sraffa aide à définir ce que peut dire le discours économique et sur quels objets ontologiques il peut porter. Sur cette base, une économie écologique Sraffienne peut être construite et peut servir d'alternative à l'économie de l'environnement néoclassique.
Abstract :
Sraffa's original work was intended to be a decisive criticism of the neoclassical marginalist paradigm, trying to reveal that an economic theory based on objective data about production and distribution of the surplus can explain exchange values. Ecological economics were also intended as a criticism of the neoclassical environment economics, trying to express the fact that decisions about the environment cannot be taken according to economic analyses alone. My thesis investigates how both schools interrelate.
Chapter 2 is dedicated to the presentation of the ecological economics field, its origins and its main developments, as well as two normative positions on what should be its future as an autonomous field. Chapter 3 presents the core message of Sraffa's work and how it is related to some important authors in the history of economics thoughts (Ricardo, the marginalists, Von Neumann, Leontief and the general equilibrium theory).
Then in Chapter 4, I review the works within the neo-Ricardian school that deals with environmental questions. Rent is touched upon by Sraffa concerning natural resources, but, as Sraffa himself would insist, this revenue is not necessarily linked with natural resource scarcity. Exhaustible natural resources are introduced by some neo-Ricardian authors, but almost all intend to justify the Hotelling rule concerning royalties, which, in the perspective that I develop in this thesis, is not compatible with Sraffa's thinking. Finally several works in the neo-Ricardian school deal with waste management, pollution and renewable resources issues, which proves that a common interest can be built with the ecological economics school.
In Chapter 5, I review the works within the ecological economics school that try to integrate Sraffa's thinking into their problematic. On the debate about the energy theory of value and about the value of the environment, some authors use Sraffa's model, but usually without clearly understanding the premises of it. The classical approach, as used by Sraffa, to represent the distribution of the surplus as the result of a class struggle is also exploited by some ecological economics authors in order to clarify some aspects of ecological conflicts. Finally rent and vertical integration analysis are also neo-Ricardian analytical tools that have been used in some ecological economics works.
I sum up my findings and, on that basis, I draw some pathways for research that could be interesting for both schools in Chapter 6. Several directions can be built, investigating how the distribution of the surplus, the rent on environmental resources and the dynamics of exhaustion and replenishment of natural resources influence values, and how environmental impacts can be added to the existing methods of production in order to assess the environmental consequences of technical change. Finally the Sraffian paradigm can be used to shed a new light on contemporary debates such as the payment for ecosystem services and the possibility of a circular economy.
The main point of my conclusion (chapter 7) is that Sraffa's analysis rejects natural resources in his explanation of exchange value, not because nature is not important for the economic process (the contribution of nature is infinite in this respect), but because the economic discourse is not able to express its value. The theory of Sraffa helps to define what the economic discourse can say and what are the ontological objects of the economic analysis. From there, a sraffian ecological economics can be built on Sraffa's basis, and it would help to construct a classical alternative to the neoclassical environmental economics.
Chapter 2 is dedicated to the presentation of the ecological economics field, its origins and its main developments, as well as two normative positions on what should be its future as an autonomous field. Chapter 3 presents the core message of Sraffa's work and how it is related to some important authors in the history of economics thoughts (Ricardo, the marginalists, Von Neumann, Leontief and the general equilibrium theory).
Then in Chapter 4, I review the works within the neo-Ricardian school that deals with environmental questions. Rent is touched upon by Sraffa concerning natural resources, but, as Sraffa himself would insist, this revenue is not necessarily linked with natural resource scarcity. Exhaustible natural resources are introduced by some neo-Ricardian authors, but almost all intend to justify the Hotelling rule concerning royalties, which, in the perspective that I develop in this thesis, is not compatible with Sraffa's thinking. Finally several works in the neo-Ricardian school deal with waste management, pollution and renewable resources issues, which proves that a common interest can be built with the ecological economics school.
In Chapter 5, I review the works within the ecological economics school that try to integrate Sraffa's thinking into their problematic. On the debate about the energy theory of value and about the value of the environment, some authors use Sraffa's model, but usually without clearly understanding the premises of it. The classical approach, as used by Sraffa, to represent the distribution of the surplus as the result of a class struggle is also exploited by some ecological economics authors in order to clarify some aspects of ecological conflicts. Finally rent and vertical integration analysis are also neo-Ricardian analytical tools that have been used in some ecological economics works.
I sum up my findings and, on that basis, I draw some pathways for research that could be interesting for both schools in Chapter 6. Several directions can be built, investigating how the distribution of the surplus, the rent on environmental resources and the dynamics of exhaustion and replenishment of natural resources influence values, and how environmental impacts can be added to the existing methods of production in order to assess the environmental consequences of technical change. Finally the Sraffian paradigm can be used to shed a new light on contemporary debates such as the payment for ecosystem services and the possibility of a circular economy.
The main point of my conclusion (chapter 7) is that Sraffa's analysis rejects natural resources in his explanation of exchange value, not because nature is not important for the economic process (the contribution of nature is infinite in this respect), but because the economic discourse is not able to express its value. The theory of Sraffa helps to define what the economic discourse can say and what are the ontological objects of the economic analysis. From there, a sraffian ecological economics can be built on Sraffa's basis, and it would help to construct a classical alternative to the neoclassical environmental economics.
Informations complémentaires
Guido ERREYGERS, Professeur, à l’Université d’Anvers, Belgique – Rapporteur (non présent à la soutenance)
Ajit SINHA, Professeur, à Azim Premji University, Inde - Rapporteur
Martin O’CONNOR, Professeur des Universités, à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines – Directeur de thèse
Samir ALLAL, Maître de Conférences, à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines – Examinateur
Ali DOUAI, Maître de Conférences, à l’Université de Nice Sophia Antipolis – Examinateur
Sylvie FAUCHEUX, Professeur des Universités, au Conservatoire National des Arts et Métiers, Paris – Examinateur
Jean-Marie HARRIBEY, Maître de Conférences, HDR, à l’Université Montesquieu – Bordeaux IV – Examinateur
Nuno MARTINS, Professeur, à l’Universidade Catolica Portuguesa, Porto, Portugal – Examinateur
Ajit SINHA, Professeur, à Azim Premji University, Inde - Rapporteur
Martin O’CONNOR, Professeur des Universités, à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines – Directeur de thèse
Samir ALLAL, Maître de Conférences, à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines – Examinateur
Ali DOUAI, Maître de Conférences, à l’Université de Nice Sophia Antipolis – Examinateur
Sylvie FAUCHEUX, Professeur des Universités, au Conservatoire National des Arts et Métiers, Paris – Examinateur
Jean-Marie HARRIBEY, Maître de Conférences, HDR, à l’Université Montesquieu – Bordeaux IV – Examinateur
Nuno MARTINS, Professeur, à l’Universidade Catolica Portuguesa, Porto, Portugal – Examinateur