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Université Paris-Saclay : la formation et la recherche se conjuguent au sein des Graduate Schools

On en compte 17. Elles sont uniques en France et n’ont que deux ans d’existence. Elles regroupent chercheurs, enseignants et étudiants, parfois par milliers.

Elles sont profondément ancrées dans le territoire de l’Université Paris-Saclay et résolument tournées vers l’international : ce sont les Graduate Schools. François Robinet, Maître de Conférences en histoire contemporaine à l'UVSQ et Directeur de la Graduate School Humanités-Sciences du Patrimoine nous explique comment ces nouveaux ensembles universitaires et scientifiques travaillent à la réussite de la formation et de la recherche de l’Université Paris-Saclay.

Pouvez-vous nous dire ce qu’est une Graduate School (GS) ?
Une Graduate School est une structure pérenne qui coordonne des actions de formation et des structures de recherche. Tournée vers l’innovation et l’international, elle associe les compétences des composantes universitaires, des grandes écoles, des organismes nationaux de recherche.
Elles ont trois missions principales : une mission de coordination des niveaux Master et Doctorat, une mission de représentation au niveau international et une mission de mise en place d’une stratégie scientifique commune.
Les GS font le lien entre les équipes de recherche et de formation, elles rassemblent les forces.

D’où vient ce modèle d’organisation ? Existe-t-il ailleurs ?
Les Graduate Schools sont les héritières d’un processus de réflexion qui a commencé en 2014 avec la naissance de l’Université Paris-Saclay sous forme d’une COMUE. Les présidents et communautés des établissements fondateurs ont réfléchi à des modalités de coopération entre leurs établissements. D’un côté ont été créées des "schools" pour la formation et des  "départements" pour la recherche.  On a ensuite cherché à renforcer l’imbrication des deux en s’inspirant de modèles internationaux. Les universités britanniques et américaines sont organisées en Schools mais l’Université Paris-Saclay a voulu construire son propre modèle. Des groupes de réflexion se sont donc réunis pendant un an pour faire émerger cette structure spécifique qu’est la Graduate School.

Les GS sont très récentes. Quels sont les points sur lesquels il faut rester attentif ?
De mon point de vue, il y a deux points décisifs sur lesquels il faudra toujours travailler. D’abord, la circulation de l’information, tant à destination des chercheurs qu’à destination des étudiants. Il y aura toujours des gens qui seront plus éloignés de l’information et que nous ne devrons pas laisser de côté.
La deuxième chose relève des forces centripète et centrifuge ; car l’Université peut être un lieu de pouvoir. Les établissements qui composent l’Université Paris-Saclay ont des historiques et des identités fortes. Pour que les GS fonctionnent, nous devons laisser  de côté les tensions et rivalités pour porter collectivement et à parts égales le projet qu’elles incarnent. C’est une chose qui peut sembler acquise mais à laquelle nous devons collectivement rester attentifs, il faut que chacun trouve sa place.

Comment fait-on travailler ensemble des équipes  pédagogiques et des équipes de recherche ?
Faire travailler ensemble des équipes qui n’ont pas forcé-ment les mêmes thématiques de recherche, c’est un défi ! La Graduate School donne une structure avec une équipe de direction, des conseils, un circuit financier, un circuit de communication etc. Ce qui nous permet de nous organiser et d’exploiter au mieux nos forces et convergences.

Quels sont les avantages de cette nouvelle organisation ?
On a beaucoup entendu dire que les GS étaient des "vitrines", ce n’est pas que ça, mais effectivement elles permettent de gagner en visibilité et aussi en cohérence grâce à la recherche qui innerve la formation. Dans la Graduate School que je dirige (Humanités – Sciences du Patrimoine), qui est l’une des plus petites de l’université Paris-Saclay en effectifs, l’élaboration d’une stratégie commune fait notre force. Porter collective-ment notre GS, nous permet d’avoir plus de poids dans le paysage scientifique.
Nous sommes concentrés sur la thématique du Patrimoine, que nous travaillons à renforcer au niveau national et inter-national, dans ses différentes acceptions (patrimoine culturel mais aussi scientifique ou industriel). Les échanges entre chercheurs de la GS ont fait émerger d’autres questionnements partagés, tels les rapports entre productions culturelles et pratiques sociales ou les enjeux de médiation scientifique. Ces trois champs (Patrimoine ; Culture ; Savoirs et sociétés) sont déclinés autour de cinq axes transversaux (Matériaux et matérialités ; Médiatisation(s) ; Conservation-circulation ; Politiques publiques ; Travail et professionnalisation) et d’un défi méthodologique et épistémologique autour des pratiques d’enquête en SHS et en Sciences du patrimoine.

Quels premiers résultats avez-vous pu constater  depuis la création des GS ?
Notre recul est modeste, à peine trois ans (les GS ont commencé à fonctionner au printemps 2021) mais certains fruits sont déjà visibles : la création de plusieurs appels à projets de recherche, la conception de programmes intensifs de formation, le soutien à une "summer school", la participation et l’engagement croissant de notre public étudiant. Les dispositifs que nous proposons sont de plus en plus connus et reconnus. Notre offre s’enrichit, nous multiplions les propositions (journées d’accueil, conférences, journées d’études…). Les étudiants découvrent les complémentarités entre ce que nous créons et ce qui est proposé au sein de leurs forma-
tions et des laboratoires auxquels ils sont rattachés.

Les GS sont tournées vers les étudiants de master,  sont-elles également en lien avec l’école universitaire de premier cycle* ?
Les liens sont là de fait. Ce sont les mêmes équipes enseignantes qui animent la formation des licences, gérées par l’école universitaire de premier cycle, comme des masters. Nous veillons à faire connaître à toute la communauté étudiante notre travail et nos actions de recherche, ainsi que les événements scientifiques que nous organisons, qui sont souvent ouverts à tous. Car c’est en Licence que l’on choisit son orientation pour le Master. Tous les étudiants doivent donc être informés et associés à ce que l’on propose, c’est pour cela que nos bureaux sont en plein cœur des campus.

Un autre outil a été créé récemment afin de permettre aux GS de travailler ensemble, pouvez-vous nous en dire plus ?
Effectivement, l’Université Paris-Saclay a lancé un appel à manifestation d’intérêt à l’automne 2020 afin de proposer un cadre qui porterait des projets de manière transversale aux GS. C’est ainsi qu’ont été créés les "Objets interdisciplinaires" (OI) qui profitent de la mobilisation de plusieurs Graduate Schools qui choisissent de travailler en synergie. Les OI sont pensés sur des cycles de 5 à 10 ans, ils ont une structure beaucoup plus légère que celle des GS. Il y en a actuellement une vingtaine au sein de l’université. Ils permettent de mobiliser sur une thématique des chercheurs issus de disciplines a priori éloignées, de créer de nouvelles activités, de réfléchir aux enjeux d’interdisciplinarité et d'innovation comme nous le faisons au sein des OI Palabre (Le patrimoine en laboratoire réflexif) et Scult (Sciences et cultures : sociétés de la connaissance et médiation des savoirs) auxquels la GS HSP est étroitement associée. Ils seront, à court et moyen terme, des leviers déterminants dans la reconnaissance internationale de nos chercheurs et de nos équipes.
Informations complémentaires
* L’École Universitaire de Premier Cycle Paris-Saclay porte les diplômes de licences, licences professionnelles, B.U.T. et DEUST, diplômes de type DU et formations paramédicales.