Punaises !

*Le rapport issu de cette étude, Les punaises de lit : impacts, prévention et lutte. Connaître, évaluer, protéger a été publié le 19 juillet 2023 par l'ANSES.
Si les punaises de lit ne sont pas un phénomène nouveau, leur résistance aux insecticides et l'augmentation des voyages impliquée par le tourisme n’ont fait qu’accentuer leur présence. Le phénomène a pris de l'ampleur en France et a provoqué une véritable psychose : les médias ont alerté fin août sur l'infestation des punaises de lit, après que ces nuisibles aient été détectés dans les sièges des cinémas, puis des trains.

1/ Comment a débuté cette étude ?
« À l’origine de la création de ce groupe de travail, l’Agence Nationale Sécurité Sanitaire Alimentaire Nationale (Anses) a été saisie le 3 août 2021 par la Direction générale de la santé (DGS) et la Direction générale de la prévention des risques (DGPR). L’objet était une demande d’avis relatif aux punaises de lit : impacts, prévention et lutte. L’expertise a commencé après la nomination des membres, en janvier 2022. Les neuf membres de ce Groupe de Travail ont donc été recrutés pour leurs compétences scientifiques et techniques dans les domaines de l’entomologie médicale, de la santé publique, de l’épidémiologie, des maladies infectieuses, de la lutte anti-vectorielle, de l’économie de l’environnement et de l’économie de la santé.
À moins d’un an des Jeux Olympiques et Jeux Paralympiques organisés à Paris en 2024, les autorités sanitaires s’inquiètent désormais de la prolifération des punaises de lit ».

2/ Quel coût représente l’infestation des punaises de lit pour la société ?
« Concernant le fardeau économique associé à la lutte contre les infestations par les punaises de lit, l’évaluation a consisté à analyser les coûts de la lutte pour les ménages français à partir d’une enquête réalisée en 2022 en population générale, et estimant un ordre de grandeur de ce coût à près de 1,4 milliard d’euros pour la période 2017-2022, soit 230 millions d’euros par an en moyenne sur la période. La dépense moyenne estimée est de 866 euros par an par ménage, allouée à diverses mesures de lutte au premier rang desquelles se trouvent des mesures de nettoyage et des traitements.
Mais, pour la première fois, ce rapport relate à l'échelle nationale le coût réel qui comprend non seulement les dépenses liées à la désinfestation personnelle des punaises et l'intervention de professionnels, mais aussi le coût santé comprenant les consultations chez les médecins, généralistes et spécialistes.
Selon les chiffres de l’Anses, le coût sanitaire atteindrait en moyenne 83,5 millions d’euros pour les Français en 2019 à partir de l'étude PULI (consultations liées aux punaises de lit en médecine générale en France métropolitaine, période 2019‐2020) en se livrant à une évaluation des coûts directs associés aux seules premières consultations en médecine en dehors de tout autre type de consultation attribuable à la présence de punaises de lit, une estimation des coûts indirects selon l’approche du capital humain (valorisation des arrêts de travail prescrits), et enfin une évaluation des coûts intangibles se référant exclusivement aux impacts de la maladie sur la qualité de vie. Sur ce total, 73 millions étaient imputables à la baisse de la qualité de vie, à l’impact sur la santé mentale et aux troubles du sommeil, environ 3 millions pour les soins physiques et environ 1,3 million pour les arrêts de travail. Les punaises de lit ne transportent pas de maladies, mais la présence de ces nuisibles provoque des effets psychologiques non négligeables et dégrade les conditions de vie pour les foyers concernés ».

3/ Comment explique-t-on leur propagation ?
« Comme l’enquête en population générale l’a démontré, un foyer sur dix a été touché en France par l'infestation de punaises de lit entre 2017 et 2022. Tous les milieux socio-économiques sont à risques. Le niveau de vie n’entre pas forcément en jeu dans la probabilité d’être infesté par des punaises de lit, mais plutôt dans le risque de voir cette infestation persister. C'est la période d'infestation par les punaises de lit qui dure plus longtemps pour les personnes ayant un niveau de vie moins élevé. Cela est dû au coût induit pour s'en débarrasser. 
Mais on explique surtout la propagation du fléau par la résistance constatée des punaises de lit à la lutte chimique (et donc aux pesticides massivement employés), mais également par le développement du tourisme et de la mobilité, qui ont facilité l’expansion des punaises de lit. Les hébergements collectifs touristiques (hôtels, campings, villages de vacances, auberges de jeunesse, etc.) font face à ce problème et pourraient donc en être vecteurs. Si l’apparition de plateformes de location de logements particuliers telles que AirBnB au milieu des années 2000 a augmenté l’offre d’hébergements touristiques dans des zones traditionnellement touristiques, elle a aussi facilité la diffusion du tourisme dans des zones non couvertes par les hébergements collectifs touristiques. Cette nouvelle forme de mobilité a ainsi contribué à accroître la pression du tourisme et pourrait donc avoir contribué à l’expansion des punaises de lit en France. Ce constat devrait inciter les pouvoirs publics à mieux répertorier les demandes de traitements faites tant chez les particuliers que pour les hébergements touristiques, collectifs ou non, en France et surtout les géolocaliser pour mieux suivre l'évolution du fléau dans le temps et dans l'espace. C'est une des recommandations du rapport ».

Dans son rapport, l’Anses conseille aux particuliers de privilégier des méthodes non chimiques et de commencer par « nettoyer, aspirer et ranger la pièce infestée.
Il est également recommandé de ne pas poser ses bagages sur le lit ou au sol afin de ne pas faciliter l'installation des punaises dans le foyer.