« FACE À LA CRISE : Temporalités et récits de “mondes nouveaux” » par Susanne STACHER

Résumé :
Ce mémoire d’Habilitation à Diriger des Recherches (HDR) analyse les réactions des architectes face à la crise et leurs stratégies pour recréer de « mondes nouveaux ». En partant de diverses positions scientifiques et philosophiques à l’égard des crises contemporaines, nous interrogeons les notions de progrès, de croissance, de nature et de société à travers des projets d’architecture qui apparaissent ces temps-ci. Ces courants esthétiques sont mis en perspective avec des réactions semblables données à d’autres moments de crise dans l’histoire. A ces points de basculement, le temps est comme suspendu et l’attente du futur se modifie, ouvrant de nouvelles perspectives.
On constate alors certaines récurrences : portés par le désir de créer un autre monde, les architectes cherchent à restructurer la société, à repenser le lien entre la ville et la campagne, à réimaginer les villes et les formes d’habitat, à réinventer l’architecture et sa matérialité, mais aussi à créer une nouvelle esthétique. Nous entreprenons de classifier les modes opératoires qui ont surgi à des moments de basculement en analysant de quelle manière ils ont induit une dynamique de renaissance. L’objectif est d’identifier les spatialités post-crises, tout en situant les projets dans leur contexte historique, politique et social, sans oublier de les relater aux bouleversements internes et aux questionnements fondamentaux de chacun des architectes.
Nous interrogeons le temps présent en relisant l’histoire de l’architecture, non pas en mettant en lumière les évènements héroïques, les grandes inventions et le progrès technique à travers un récit fondé sur une supposée linéarité historique, mais au contraire, en nous concentrant sur les fractures et en proposant une lecture au prisme des crises.
Abstract:
This “Habilitation à Diriger des Recherches” (Habilitation to Direct Research), intitled “Facing Crisis. Temporalities and Narratives of “New Worlds’”, analyses the reactions of architects in times of crisis and their strategies to recreate ‘new worlds’. Taking as a starting point various scientific and philosophical positions towards contemporary crises, we question the notions of progress, growth, nature and society through architectural projects that have appeared in recent times. These aesthetic currents are put into perspective with similar reactions given at other moments of crisis in history. At these tipping points, time is suspended and the expectation of the future changes, opening up new perspectives.
Certain recurrences can be observed: driven by the desire to create another world, architects seek to restructure society, to rethink the link between town and country, to reimagine cities and forms of habitat, to reinvent architecture and its materiality, but also to create a new aesthetic. We undertake to classify the modes of operation that have arisen at tipping points by analyzing the way in which they have induced a dynamic of renaissance. The aim is to identify post-crisis spatialities, while situating the projects in their historical, political and social context, without forgetting to relate them to the internal upheavals and fundamental questionings of each of the architects.
We question the present time by re-reading the history of architecture, not by highlighting heroic events, great inventions and technical progress through a narrative based on a supposed historical linearity, but on the contrary, by focusing on fractures and proposing a reading through the prism of crises.